Ancien cadre d'A1, Dmitry Vozianov est rapidement devenu une figure incontournable pour les oligarques empêtrés dans des batailles juridico-commerciales, à Londres comme à Moscou. Evoluant dans l'ombre, le consultant en affaires s'appuie sur un dense réseau d'alliés, tissé de longue date au sein d'Alfa Group.
D'une discrétion maladive, le tout juste quinquagénaire Dmitry Vozianov s'est imposé comme le stratège des oligarques pris dans des conflits judiciaires. Aujourd'hui, il opère sur les dossiers les plus sensibles des places de Moscou et de Londres, appuyant notamment le groupe minier kazakh ENRC (dont les actifs sont désormais opérés par Eurasian Resources Group) face à son ancien avocat Neil Gerrard. Selon nos informations, Dmitry Vozianov a également conseillé l'oligarque Dmitry Rybolovlev dans l'affaire l'opposant au marchand d'art Yves Bouvier (IO du 16/11/16), un appui passé que le consultant n'a pas souhaité confirmer ou infirmer.

Pourtant, rien ne laissait présager que cet ingénieur de formation, né le 23 mai 1971 à Saint-Pétersbourg, aurait une telle carrière dans le monde de l'influence et des batailles économiques dantesques. Il doit ses tout premiers pas à Dmitry Zimin, cofondateur en 1992 du géant des télécommunications mobiles Vimpelcom. Ce dernier lui a mis le pied à l'étrier en 2000 en lui confiant la direction de BeeLine, la société "marque" de l'opérateur. Mais c'est surtout Mikhaïl Fridman, le cofondateur du consortium Alfa Group, qui a fait changer le jeune Dmitry Vozianov de dimension, en faisant de lui son limier pour l'offensive lancée par l'oligarque dans les télécoms, à l'orée des années 2000.

Pris sous l'aile du raider, Dmitry Vozianov a rapidement fait ses preuves chez Alfa Eco, la branche d'investissements d'Alfa Group, avec l'expérience fondatrice du rachat des actions de MegaFon. Véritable tournant dans sa carrière bourgeonnante, la réussite de l'opération a laissé au jeune loup tant le goût des "situations spéciales" que l'amertume d'une récompense trop légère à ses yeux.

Dans les années 2010, Dmitry Vozianov, fort de son expérience, s'est révélé déterminant dans plusieurs litiges entre grands noms : nos sources lui prêtent un concours à certains dossiers de traque aux avoirs de banques russes pour le compte de la Deposit Insurance Agency (DIA) russe ou pour celui des frères Magomedov (IO du 21/10/20) à la tête du Summa Group. Des dossiers victorieux, comme celui de l'Irish Bank Resolution Company (IBRC) contre son ancien actionnaire Sean Quinn en 2013, ont achevé de faire connaître son nom sur la place londonienne et d'en faire un litigation shooter de référence pour les parties aux grands procès du tout-Londongrad.

Ayant, selon nos sources, déjà suscité un vif intérêt de la part d'enquêteurs du FBI et de l'Attorney General's Office pour ses activités en lien avec des oligarques, dont certains sous sanctions américaines (IO du 14/02/18), Dmitry Vozianov pilote à présent une galaxie de petits cabinets de conseil sur les rives de la Moskova - Axioma, Group A -, épaulé par une équipe resserrée de consultants, principalement des vétérans d'A1 - anciennement Alfa Eco. S'émancipant peu à peu des sphères Alfa, le désormais indépendant Dmitry Vozianov conserve quelques attaches de son ancienne allégeance à Mikhaïl Fridman - notamment par l'appui aux rachats de sociétés en difficulté -, tout en développant son expertise de soutien aux groupes traversant une "situation spéciale" - d'ordre judiciaire.