Homme de l'ombre de la scène régionale dans le Golfe, Mohammed Dahlan n'a cependant jamais perdu de vue la scène politique palestinienne sur laquelle il fait toujours planer l'ombre de son retour. L'annonce d'élections en 2021 met en ébullition sa garde rapprochée et le pousse à réinvestir sa terre natale gazaouie, où il a entamé une opération séduction grâce à la livraison d'aide humanitaire financée par Abou Dhabi (Intelligence Online du 18/01/21) depuis le début de l'année 2021. L'interdiction qui lui est faite de se présenter à tout futur scrutin, décrétée en février 2021 par son rival Mahmoud Abbas, démontre à quel point Mohammed Dahlan structure déjà la politique palestinienne - voire régionale.
Jugé tantôt trop proche des Egyptiens, tantôt des Israéliens, Mohammed Dahlan, qui convoite la succession du leader de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a perdu de sa superbe en Cisjordanie au début des années 2000. Et ce jusqu'à être poussé à la démission en 2007 de son poste à la tête de la Sécurité préventive après la prise de pouvoir du Hamas à Gaza puis, en 2011, à l'exil. Brièvement accueilli au Caire, c'est finalement à Abou Dhabi qu'il choisit de poser bagages avec sa femme Jalila Dahlan ainsi que leurs quatre enfants. Observant à distance la politique palestinienne, celui qui est surnommé Abou Fadi s'investit surtout dans son nouveau rôle de conseiller spécial de la famille royale émiratie. Il est très proche du désormais prince héritier et alors pilote de chasse Mohammed bin Zayed al-Nahyan. Incontournable relais des intérêts émiratis à l'étranger - notamment en Serbie où il y développera les affaires d'Abou Dhabi, ou encore au Yémen où il a supervisé le recrutement de sociétés combattantes privées (Intelligence Online du 24/10/18) - Mohammed Dahlan demeure par ailleurs le poisson-pilote des relations émiro-israéliennes, jusqu'à contribuer à l'avènement de l'actuelle lune de miel succédant à la normalisation d'août 2020 (Intelligence Online du 26/08/20).