Désireux, à l'instar de Riyad et d'Abou Dhabi, de se doter d'une industrie d'armement souveraine, Doha tente de créer de toutes pièces le conglomérat Barzan Holdings depuis trois ans. Pour ce faire, l'émir Tamim ben Hamad al-Thani s'est adjoint les services - et les réseaux - des quelques pontes locaux et de nombreux consultants étrangers. Revue des troupes.

Les dirigeants de Barzan Holdings sont sur tous les fronts. Attendu aux Etats-Unis début novembre, le président du conglomérat et ministre qatari de la défense, Khalid bin Mohammad al-Attiyah, y assistera à l'inauguration de Barzan Aeronautical, l'une des multiples filiales de Barzan, chargée de développer des drones pour l'émirat. Le vice-président de Barzan Holdings, Abdullah Hassan al-Khater, s'est quant à lui rendu fin août au salon de défense IDEF à Istanbul, où il a annoncé un important contrat entre une autre filiale du groupe, Barzan Maintenance Shield, et l'armurier turc Havelsan. Al-Khater avait précédemment dévoilé des projets de coopération militaire avec le Kazakhstan et la Pologne, ainsi que la mission de lutte anti-drones confiée à Barzan Holdings pour la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.

Créé par l'émirat du Qatar il y a trois ans sur le modèle d'Emirates Defence Industries Co (EDIC) à Abou Dhabi et de la Saudi Arabian Military Industries (SAMI) à Riyad, Barzan doit permettre à celui-ci de faire émerger une véritable industrie de défense qatarie tout en assurant les ambitions diplomatico-militaires de l'émirat. Pour réussir son pari, l'entité parapublique a décidé de s'appuyer sur le savoir-faire des industriels occidentaux de la défense. Elle a lancé de multiples coentreprises avec ceux-ci afin de transférer leurs technologies au Qatar et a recruté, pour travailler au sein de ses sociétés et de sa direction, de nombreux grands cadres et ex-dirigeants étrangers issus du secteur de l'armement, comme le Britannique John Taylor. Le groupe s'est en sus adjoint les services de consultants spécialisés dans les négociations de grands contrats.

Cependant, ces grands plans connaissent de nombreuses déconvenues. Des coentreprises annoncées en grande pompe n'ont jamais vu le jour, tandis que celles qui se sont concrétisées, avec Rheinmetall par exemple - dont est issu Taylor -, rencontrent des difficultés importantes.